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YIDIA Vision

Evangélisation de Burkina Faso.

15 Août 2019 , Rédigé par Yicirpè F. BAMOUNI

 

Evangélisation de Burkina Faso.

Le contact de l’Afrique d’avec l’Evangile date de l’aube de l’Eglise. En effet, l’Afrique du Nord a été l’un des cinq grands foyers du christianisme. Cependant, le christianisme n’atteindre pas l’intérieur du continent pendant cette période glorieuse du christianisme africain. Mais, Martin v, avec Cum charissimus du 4 avril 1419, va relancer l’évangélisation de l’Afrique. Son but était d’empêcher l’envahissement islamique et d’évangéliser les peuples. Cette mission ne porta pas tous ses fruits tant espérés. C’est avec Propaganda Fide[1] (1622) que le Pape Grégoire xv avec sa bulle Inscrutabili divinae, revigorera l’action missionnaire qui sera couronnée par Grégoire XVI (1831-1846) qui relança la politique missionnaire avec sa lettre apostolique De universi dominici gregis du 3 octobre 1842. Dans sa stratégie, il créait des vicariats apostoliques. Ainsi naissaient les actions missionnaires qui vont pénétrer l’Afrique au-delà des cotes jusqu’en sa profondeur. C’est dans cette dynamique que le Burkina Faso (Haute Volta) accueillera l’Evangile.

 

Lavigerie désirait porter l’Evangile jusqu’à l’intérieure de continent. Il envoya trois missionnaires sur Tombouctou le 15 Janvier 1876 mais ces derniers sont tués par leurs guides. En 1890, la Préfecture apostolique du Sahara-Soudan était devenue Vicariat apostolique sous la responsabilité de Lavigerie à qui succédera Mgr Toulotte, un de ses fils spirituel. Ce dernier désigne le P. Augustin Hacquart pour Tombouctou à partir du Sénégal et celui y parvint le 02 Mai 1895 en passant par Ségou le 1er Avril 1895. En Janvier 1899, la mission de Ségou est solidement implantée et Hacquart était le Vicaire apostolique du Sahara-soudan. C’est à ce titre qu’il décida de visiter toute l’Afrique de l’Ouest, exceptées les côtes[2].

 

Après avoir fondé solidement Ségou, Mgr Hacquart continue sa visite dans le Moogo, pays Mossi, le 26 Février 1899. Il traverse Ouagadougou mais sans y arrêter. Il continua sa marche sur Koupèla ou fut fondée la première Mission du Burkina Faso le 22 Janvier 1900. Le 04 Avril 1901, Mgr Hacquart meurt accidentellement noyé dans le fleuve Niger et Mgr Bazin est nommé Vicaire apostolique du Soudan le 27 Juillet 1901. Il fonde en Juin 1901 la Mission de Ouagadougou avec le P. Templier comme supérieur.[3]

 

La mission du Burkina a connu des difficultés dont l’antagonisme de l’administration coloniale, l’occupation islamique et l’enracinement dans la culture traditionnelle[4]. En effet, « la période coloniale laisse aux Missionnaires d’Afrique du cardinal Lavigerie le souvenir de rapports contrastés avec le pouvoir en place »[5]. Aussi faut-il noter les épidémies qui entrainèrent la mort de plusieurs missionnaires. Le gouvernement colonial avait refusé la présence des missionnaires à Ouagadougou à cause du mouvement clérical né en France. Mgr Basin résumait cette situation en ces termes : « Les manœuvres sournoises, les tracasseries hypocrites sont les armes employées de préférence par les persécuteurs modernes. Ici, on essaie de détourner les villages de nos catéchismes et de nos écoles… »[6]. Cependant, il y eut aussi de la collaboration : « l’Administration française trouve, du côté de l’Église catholique, des convergences nombreuses qui, en dépit de la laïcité de la République, l’incitent à envisager une coordination avec l’activité missionnaire  dans un grand plan d’endiguement  de l’islam »[7].

Pour atteindre leur objectif, les missionnaires adoptèrent de s’identifier au peuple par l’habillement, la nourriture, la langue, le logement et surtout la catéchèse car pour Lavigerie, les africains doivent être leur propres apôtres. Les pères formèrent les premiers infirmiers de Haute Volta et fondèrent une congrégation religieuse locale dont la mission était la catéchèse, l’éducation et la santé. « Au-delà de la formation élémentaire, la fondation du petit séminaire de Pabré en 1925 donne aux missionnaires l’apanage de l’enseignement secondaire sur le territoire voltaïque jusqu’en 1947 »[8]. Ils s’engagèrent très rapidement dans la formation des prêtres locaux.

Les catéchistes ont beaucoup travaillé dans l’évangélisation du Burkina. Dès leur arrivée, les pères missionnaires ont compris qu’il fallait des catéchistes pour les soutenir. C’est le cas du Bienheureux Alfred Diban, premier chrétien et premier catéchiste du Burkina qui fut baptisé en Avril 1901. Avec sa femme Louise, il quitte Ségou pour Ouagadougou et travailla avec les Missionnaires dans les premières fondations du Pays. En rigueur de terme, il faut dire qu’il est l’apôtre du Burkina puisque c’est lui qui parlait directement au peuple par sa parole et par sa vie.

 Le travail d’évangélisation initié par les missionnaires continue et porte du fruit. Même si les statistiques de 2006 montrent que les chrétiens font seulement 22,3% de la population, la vie nationale est animée par la chrétienté et l’administration a toujours été dans les mains de cadres formés dans les séminaires et les écoles chrétiennes. « Au Burkina Faso, la place publique qu’occupe aujourd’hui la hiérarchie catholique est loin d’être dissimulée. Entre devoir de médiation, nécessité d’apostolat et relations avec le pouvoir, l’Église locale possède une réelle visibilité qui donne à ses rapports avec le politique une place manifeste »[9]. Le pays compte aujourd’hui 15 diocèses et a son deuxième cardinal en la personne de Mgr Philippe Ouédraogo.

 

En sommes, nous pouvons dire que l’Eglise du Burkina est l’une des plus jeunes de l’Afrique de l’Ouest. Le processus d’évangélisation a été entamé par les Missionnaires d’Afrique avec l’aide inouïe des catéchistes qui ont su présenter le visage de bonté des Missionnaire et de L’Evangile à leurs peuples en contraste avec le pouvoir administratif qui ne manquait pas de démontrer sa ruse et sa rigidité. Aujourd’hui, l’Eglise famille de Dieu au Burkina garde une réelle visibilité nationale et peut se dire d’une minorité dominante. Cependant, la doctrine chrétienne mérite un véritable travail de fond dans sa relation avec la culture locale.

 

 

[1] Dénommé aujourd’hui : Sacrée Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples.

[2] P. Georges Salles, De Jérusalem à Ouagadougou, Partie III : L’époque contemporaine, tome 6, pp 30-62.

[3] Ibidem.

[4] Birfo-Somé Magloire. La christianisation des Dagara du Burkina : flux et reflux des conversions (1932-1952). In: Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 85, n°319, 2e trimestre 1998. P. 34

[5] Jean Marie BOURON, in Cairn, ed. Karthala, no14, 2010, p.59.

[6] P. André Prost, Les missions des Pères Blancs en Afrique de l’Ouest, avant 1939, pp. 88-89.

[7] Jean-Louis TRIAUD, Le crépuscule des Affaires musulmanes en AOF, 1950-1956, in David ROBINSON & Jean-Louis TRIAUD (eds), Le temps des marabouts. Itinéraires et stratégies islamiques en Afrique occidentale française. 1880-1960, Paris, Karthala, 1997, p. 496.

[8] Maxime COMPAORÉ, L’école en Haute-Volta: une analyse de l’évolution de l’enseignement primaire de 1947 à 1970, thèse de doctorat, Université Paris VII, 1995, p. 68-72.

[9] Jean Marie BOURON, in Cairn, ed. Karthala, no14, 2010, p.59.

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