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YIDIA Vision

Analyse du Testament de Sienne de Saint François d'Assise.

12 Avril 2019 , Rédigé par Yicirpè F. BAMOUNI Publié dans #Vie des Saints

Structure et portée du Testament de Sienne de Saint François d'Assise.

 

Structure du Testament.[1]

Le Testament de Sienne est un petit texte au style exhortatif qui peut se diviser en cinq parties ou versés que l’on peut établir à la base du fond et des thèmes qui y émergent. L’analyse du texte donne sans équivoque la structure qui suit :  

Première partie : « Écris comment je bénis tous mes frères, ceux qui sont dans la religion et ceux qui y viendront jusqu’à la fin du monde. ». Dans cette partie, François prononce sa bénédiction sur tous les frères de toutes les générations.

Deuxième partie : « Puisque à cause de la maladie, je ne suis pas en mesure de parler, je fais connaître brièvement ma volonté à mes frères en ces trois paroles ». Ici, François lui-même évoque son état de santé précaire.

Troisième partie : « Qu’en signe de mémoire de ma bénédiction et du mystère, ils s'aiment les uns les autres ». Saint François exhorte ici à l’amour réciproque entres les frères.

Quatrième partie : « Qu’ils aiment et observent toujours notre Dame la sainte Pauvreté». Ici, François évoque la question de la pauvreté qui lui tient tant à cœur et qui fait la particularité de son idéal.

Cinquième partie : « Qu’ils se montrent toujours fidèles et soumis aux prélats et à tous les clercs de notre sainte Mère l'Eglise. ». Ici, Saint François exhorte à l’obéissance. Obéissance  à la Sainte Eglise car son Ordre n’est pas une secte.

 

Portée du Testament de Sienne De Saint François d'Assise.

Le Testament de Sienne laisse entrevoir une sincérité, une volonté manifeste de François de porter ses frères dans son cœur par la démonstration de son amour paternel à leur égard. François, avec la faible énergie qui lui reste du fait de la maladie, énumère ses vœux. Au-delà du vœu, l’on peut constater que le ton de François est injonctif, preuve que le saint exprimait tout le fond de son cœur. Notre connaissance du conteste générale historique de la rédaction du texte nous indique mieux sur la portée du texte.

Au printemps 1226, le nombre des frères avait atteint une croissance vraiment exponentielle et l’Eglise était enfermée dans la serre de ses richesses au point de rester coupée des besoins spirituels des fidèles. Beaucoup de personnes frappaient aux portes des couvents pour prendre l’habit. De ces nouveaux venus, figuraient des intellectuelles, des pauvres, des riches et des illettrés. Rapidement, les incompréhensions naissent du fait de la non maîtrise de l’idéal proposé par François, la quête de l’affirmation de soi et le désir de ressembler aux autres Ordres quant à la majesté et aux richesses. Saint François n’avait-il pas murmuré qu’on lui arrachait son œuvre avant de se raviser ? C’est donc dans un climat tumultueux et de luttes internes parmi les frères que François fait cette exhortation.

François reconnaissait donc que l’Ordre allait continuer de grandir. « Je bénie mes frères… et ceux qui y viendrons jusqu’à la fin du monde ». Cette bénédiction confirme la préséance de François sur l’Ordre en tant que père spirituelle de tous pour toujours. C’est la confession de la tendresse du cœur d’un père pour ses enfants. Aussi, François reprécise-t-il son idéal de vie qui n’est rien d’autre que la vie de l’Evangile dans la fraternité, la pauvreté et l’obéissance à la sainte Eglise.

 

Considérations actuelles sur le Testament.

Le Testament de Sienne est un texte qui garde toute sa valeur et son actualité. La connaissance du texte nous fait découvrir sa pertinence, des éléments qui nous interpellent encore aujourd’hui et surtout nous conduisent à une prise de conscience quant à notre relation d’avec ce prestigieux texte, volonté de notre père séraphique.

Les points d’actualité.

Plusieurs points du Testament gardent encore leur sèvre et  leur verdeur[2]. En effet, la bénédiction de Saint François à ses frères ne saurait être dépassée puisqu’il reste éternellement le père de tous. En tant que intercesseur auprès de Dieu pour ses fils, il continue de nous donner sa bénédiction. Cette bénédiction qui s’étend à tous ceux qui viendrons jusqu’à la fin du monde démontre la fécondité de la vocation franciscaine jusqu’aujourd’hui. Même si la question de la vocation religieuse subit un déclin inquiétant en Europe, force est de reconnaître qu’il existe une réelle croissance en Afrique et dans les Amériques.

Aussi, les frères doivent s’aimer les uns les autres. Cette exhortation de François est d’abord la volonté du Seigneur Jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. »[3]. L’amour est le visage de celui qui vit en Dieu[4] et « la vie fraternelle a son fondement dans l’amour de la Trinité »[5]. Les difficultés et les conflits de tous genres existeront parmi les frères du fait de la faiblesse de la nature humaine et la recherche de l’affirmation de soi, conséquence de la vie dans un monde qui a mal à ses valeurs et qui ne tarde pas à arracher à Dieu sa préséance au profit de l’homme lui-même et les moyens modernes de communication. Dans un tel contexte, les frères sont encore appelés à l’amour puisque le nœud de l’Evangile que les frères ont promis de vivre, c’est l’amour. Aimer, c’est vouloir le bien de l’autre, c’est donner du temps à l’autre, c’est s’ouvrir à l’universel. C’est donc un appel quotidien à des pas appliqués dans notre pérégrination vers la vie toute donnée à Dieu.

L’observance de la pauvreté est un élément de la perpétuelle question franciscaine. En effet, la question de la pauvreté a surgit depuis du vivant de Saint François. La même question demeure la base des différentes reformes que la famille franciscaine connait jusqu’aujourd’hui. La question de la pauvreté reste toujours posée chaque jour à tous les frères. La relation de François d’avec la pauvreté est une question d’amour. C’est pourquoi, il affirmait sans vergogne : « j’ai choisi la pauvreté pour toute richesse, je l’ai choisi pour Dame »[6] ou encore « je vais prendre l’épouse la plus belle et la plus noble […] l’épouse immaculée de Dieu »[7]. Les frères sont donc interpellés à aimer la pauvreté telle une épouse et non à la prendre pour une corvée.

Les frères doivent toujours rester fidèles à l’Eglise en toute obéissance. Même si Saint François demandait une soumission « aux prélats et à tous les clercs de la sainte mère Eglise »[8] individuellement, cette obéissance est plus structurée aujourd’hui. L’obéissance, c’est à l’autorité ecclésiale conformément au charisme des Ordres et aux prérogatives de chaque Institution en fonction de la réglementation canonique. C’est pourquoi les constitutions capucines demandent d’obéir au pape et de collaborer avec les pasteurs de l’Eglise locale[9].

 

Sa place actuelle dans la vie des frères.

Considérant les points d’actualité du Testament, il reste un texte de choix pour la vie des frères. On y sent la voix du père séraphique s’adressant à chacun individuellement en quelques mots. Cependant, force est de constater que le texte souffre de l’oubli de frères. Pour preuve, moins de travaux de recherche ont été réalisé sur le texte. Même dans les livres récemment publiés, le constat est que le texte est souvent tout simplement évoqué à côté du Testament principal. Certainement, le long Testament à phagocyté le contenu de celui de Sienne mais du fait de sa breveté et de sa concision, couplées au contexte de sa rédaction, il mérite plus de visibilité et  d’importance. Le texte est une exhortation qui interpelle chaque jour les frères sur les principes de leur vocation : l’Evangile dans la fraternité, la pauvreté et l’obéissance.

 

[1]  François d’Assise, Ecrits, Vies, témoignages,  Sous la direction de Jacques Dalarun éd. Du VIII centenaire, Cerf, Paris, 2010, p.396

[2] Ps95, 15

[3] Jn15, 12

[4] Jn13, 35

[5] Constitutions des Frères mineurs capucins, 2016, Chap. IV, no 88.1

[6]  François d’Assise, Ecrits, Vies, témoignages,  Sous la direction de Jacques Dalarun éd. Du VIII centenaire, Cerf, Paris, 2010, p.1570                            

[7] Saint François d’Assise, Documents, Ecrits et Premières biographies, Par PP. Théophile DESBONNETS et Damien VORREUX OFM, ed. Franciscaines, Paris, 1968 p.194.

[8] TestS, in François d’Assise, Ecrits, Vies, témoignages,  Sous la direction de Jacques Dalarun éd. Du VIII centenaire, Cerf, Paris, 2010, p.396.

[9] Constitutions des Frères Mineurs Capucin, 2016, Art2, No11

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