Aristote: Justice naturelle et justice positive.

Justice naturelle et justice positive.

Dans la pensée d’Aristote, ce ne sont pas tous les actes injustes qui rendent son auteur injuste. En effet, il y’a une différence entre les actes commis, mais cette « différence ne tient en rien à la nature de l’acte »^{^[1]}. Ainsi, l’on peut commettre un adultère soit par choix délibéré ou par passion.

L’intention d’Aristote, c’est de mettre en lumière « le juste au sens absolu, mais encore le juste politique »^{^[2]}. La justice politique ou positive est celle qui règne entre des citoyens égaux de droits mais qui décident de vivre ensemble pour une existence plus meilleure. Mais dans l’expérience de leur existence, ces gens se rendent compte des injustices parmi eux. Pour pallier ces injustices, ils vont mettre en place des lois qui garantissent la justice entre les membres de la même société. Aristote affirme à ce sujet que « le juste, en effet n’existe qu’entre ceux dont les relations mutuelles sont sanctionnées par la loi et il n’y a de loi, que pour des hommes chez lesquels l’injustice peut se rencontrer, puisque la justice légale est une discrimination du juste et de l’injuste. »^{^[3]}. Ainsi, c’est la loi qui doit gouverner une société et non un individu pour que la justice règne.

Aristote distingue deux types de justices politiques : une naturelle et l’autre légale. En effet, la justice naturelle est ce qui « a partout la même force et ne dépend pas de telle ou telle opinionù »^{^[4]}. C’est-à-dire qu’elle s’impose dans toutes les cultures et sociétés sans législations particulières. Celle légale est celle qui s’impose par la force de la législation.

Que l’on soit dans la justice naturelle ou légale, Aristote fait remarquer qu’il y a « une différence entre l’action injuste et ce qui est injuste, et entre l’action juste et ce qui est juste »^{^[5]}. Cette différence s’établit selon que l’on agit volontairement ou involontairement. Ainsi, « la justice (ou l’injustice) d’une action est déterminée par son caractère volontaire ou involontaire »^{^[6]}. Agir volontairement, c’est agir librement en pleine conscience et en connaissance de cause sans accident ni passions.

Mais il y a deux types d’actes volontaires : il y a des actes volontaires réfléchis et d’autres qui ne le sont pas. Ceux qui sont réfléchis sont ceux qui sont exécutés après délibération préalable et les autres ne le sont pas. Ainsi naissent différentes sortes d’actes dommageables dans le rapport avec autrui :

Les torts qui s’accompagnent d’ignorance sont des fautes (frapper une personne à la place d’un autre sans le savoir).
Quand le dommage a eu lieu contre toute attente raisonnable, c’est une méprise.
Quand l’acte est commis sans délibération mais en pleine conscience, c’est un acte injuste (agir en état de colère). Mais l’auteur n’est pas injuste.
Quand l’acte est posé avec délibération, alors l’auteur est injuste.

Cependant, seuls les actes involontaires commis dans l’ignorance et dus à l’ignorance sont pardonnables. Ainsi, il ne faut jamais commettre d’injustice, car commettre l’injustice s’accompagne de vices et provoque notre désapprobation.

[1] ARISTOTE, Ethique à Nicomaque, V, 6 , p.77

[2] Ibidem

[3] Ibidem

[4] Ibid., P.78

[5] Ibid.,P.79

[6] Ibidem

Aristote: Justice naturelle et justice positive.